Est ce la fin du business du coworking ?

13 Mar 2024

Est-ce la fin du business du coworking ?

Dans le monde du travail moderne, l’idée de partager des espaces de travail a révolutionné la façon dont de nombreuses personnes envisagent leur quotidien professionnel. Le coworking, autrefois symbole de flexibilité, de collaboration et d’innovation, a connu une ascension fulgurante au cours des dernières décennies, offrant une alternative attrayante aux bureaux traditionnels pour une pléthore de travailleurs indépendants, d’entrepreneurs et même de grandes entreprises.

Cependant, alors que nous naviguons à travers les eaux tumultueuses de la pandémie de Covid-19 et les changements fondamentaux dans la façon dont nous travaillons, une question persistante se pose : est-ce la fin du business du coworking ?

Pourquoi le télétravail tue le coworking ?

Le télétravail, en offrant aux travailleurs la possibilité de travailler depuis chez eux, a profondément impacté l’industrie du coworking de plusieurs façons, contribuant à affaiblir ce secteur autrefois florissant :

  • Réduction de la demande de bureaux partagés : Avec le télétravail devenu une norme pour de nombreuses entreprises, la demande de bureaux partagés dans les espaces de coworking a diminué. Les travailleurs préfèrent utiliser leurs propres espaces à domicile plutôt que de payer pour un espace de travail partagé.
  • Changements dans les politiques d’entreprise : De nombreuses entreprises ont revu leurs politiques de travail pour permettre à leurs employés de travailler à distance de manière permanente ou sur une base hybride. Cela réduit le besoin d’espaces de coworking pour les réunions occasionnelles ou les jours de travail à distance.
  • Pression sur les prix et la rentabilité : La diminution de la demande a entraîné une baisse des prix des abonnements aux espaces de coworking, ce qui a rendu ces entreprises moins rentables. Les espaces de coworking doivent maintenant lutter pour attirer les clients et maintenir leur chiffre d’affaires.
  • Concurrence accrue : La popularité croissante du télétravail a incité de nouveaux acteurs à entrer sur le marché des espaces de coworking, augmentant ainsi la concurrence pour un nombre limité de clients. Les espaces de coworking doivent rivaliser non seulement entre eux, mais aussi avec les cafés, les bibliothèques et les espaces publics qui offrent des alternatives gratuites ou peu coûteuses au travail à domicile.
  • Adaptation nécessaire : Pour survivre, de nombreux espaces de coworking ont dû s’adapter en offrant des services supplémentaires, tels que des événements communautaires, des programmes de formation ou des services de conciergerie, pour attirer les clients qui cherchent plus qu’un simple espace de travail.

Et l’immobilier de bureau en France ?

En 2023, le marché du bureau en Île-de-France a subi une baisse significative, avec une chute de 17 % de la demande placée par rapport à l’année précédente. Cependant, même dans ce contexte de ralentissement, Paris demeure un choix de prédilection pour de nombreuses entreprises. Elles privilégient toujours des emplacements centraux et bien desservis par les transports en commun. Malheureusement, ce n’est pas le cas pour La Défense, qui a vu sa demande s’effondrer, soulignant ainsi un changement dans les préférences des entreprises pour les zones de bureau en région parisienne.

L’année 2023 a été marquée par un climat économique difficile, exacerbé par les conséquences de la pandémie de Covid-19 et les incertitudes qui en découlent. Dans ce contexte, une tendance de fond s’est également manifestée, poussant les directions d’entreprises à revoir leur stratégie immobilière et à réduire les surfaces de travail. Cette évolution s’inscrit dans une démarche de rationalisation des coûts et d’optimisation des ressources, alors que de plus en plus d’entreprises adoptent le télétravail et repensent leurs besoins en termes d’espaces de bureau.

Cette conjoncture économique et cette tendance structurelle ont eu un impact significatif sur le marché des bureaux en Île-de-France. En effet, la demande placée, qui englobe à la fois les locations et les ventes à l’occupant, a enregistré une baisse notable de 17 % par rapport à l’année précédente, selon les données fournies par Immostat. Ce recul se traduit par une demande totale de 1,932 million de mètres carrés, soit un chiffre inférieur de 12 % à la moyenne décennale.

Cette diminution de la demande placée reflète non seulement les difficultés économiques rencontrées par de nombreuses entreprises, mais aussi une évolution des modes de travail et des besoins immobiliers. Les entreprises cherchent désormais à optimiser leur espace de travail, favorisant les solutions flexibles et adaptées à une main-d’œuvre de plus en plus mobile et connectée.

La faillite de We Work

La saga tumultueuse de WeWork, le géant américain du coworking, semble toucher à sa fin. Jadis acclamée comme l’une des start-ups les plus prometteuses des États-Unis, l’entreprise est désormais aux portes de la faillite, symbole d’une ascension vertigineuse suivie d’une chute spectaculaire.

Fondée en 2010 à New York par Adam Neumann et Miguel McKelvey, WeWork a rapidement captivé l’imaginaire entrepreneurial en proposant une solution innovante au problème croissant des locaux de travail pour les jeunes entreprises et les travailleurs indépendants. Le concept de coworking, qui consiste à partager des espaces de travail avec des services supplémentaires, a connu un succès fulgurant, propulsant WeWork au sommet de son secteur.

Cependant, la confiance indéfectible dans le modèle économique de WeWork et la vision charismatique de son PDG, Adam Neumann, ont masqué les fissures grandissantes dans les fondations de l’entreprise. Les investisseurs ont été séduits par les promesses de croissance exponentielle, mais les révélations sur les manœuvres financières d’Adam Neumann ont semé le doute et ébranlé la confiance du marché.

Malgré les tentatives de réforme de sa gouvernance et les injections massives de capitaux par le conglomérat japonais SoftBank, WeWork n’a pas réussi à se redresser. La pandémie de Covid-19 a porté un coup fatal à l’entreprise en vidant ses bureaux et en mettant en lumière ses difficultés financières préexistantes. Même son introduction en bourse tardive en 2021 n’a pas suffi à sauver l’entreprise de sa descente aux enfers.

Aujourd’hui, les rumeurs d’une demande imminente de mise en faillite par WeWork agitent les milieux financiers, marquant peut-être la fin d’une ère pour l’industrie du coworking. Les déboires de WeWork ont même inspiré une série télévisée, mettant en lumière l’histoire tumultueuse de l’entreprise et rappelant que le chemin du succès peut être aussi sinueux que celui de sa chute.

Alors que Hollywood se délecte des récits de « rise and fall », la réalité économique est implacable. WeWork, autrefois synonyme de succès et d’innovation, pourrait bien devenir le symbole d’un modèle économique éphémère, laissant derrière elle des questions sur l’avenir du coworking et les limites de l’excès de confiance dans le monde des affaires.

Pour finir…

Alors que nous tirons le rideau sur cette réflexion sur l’avenir du coworking, une chose est claire : le paysage du travail continue d’évoluer à un rythme effréné, et le coworking n’est pas immunisé contre ces changements. Bien que les défis auxquels est confronté ce secteur puissent sembler imposants, il est important de se rappeler que chaque défi offre également une opportunité.

La pandémie de Covid-19 a agi comme un catalyseur pour une réévaluation fondamentale de la manière dont nous concevons et utilisons les espaces de travail. Alors que le télétravail devient de plus en plus répandu et que les travailleurs recherchent des solutions plus flexibles, le coworking pourrait se positionner comme un élément essentiel de cette nouvelle ère du travail hybride.

Cependant, pour prospérer dans ce nouvel environnement, les espaces de coworking devront innover, s’adapter et répondre aux besoins changeants des travailleurs. Cela pourrait signifier repenser les modèles d’affaires, offrir des services supplémentaires ou se concentrer sur des niches spécifiques de marché.

En fin de compte, le coworking n’est pas condamné à disparaître, mais il est appelé à se réinventer pour rester pertinent dans un monde du travail en constante évolution. En embrassant le changement et en adoptant une approche proactive pour répondre aux besoins émergents, le coworking a le potentiel de prospérer et de continuer à jouer un rôle important dans la façon dont nous travaillons et collaborons à l’avenir.

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